Avant de parler du voyage intégral, rappelons d’abord comment se définit la notion traditionnelle du voyage?

La Conception traditionnelle du voyage

L’encyclopédie en ligne Wikipédia définit clairement le voyage. Elle précise qu’« un voyage est un déplacement dans l’espace, contraint, effectué vers un point plus ou moins éloigné dans un but personnel (par exemple tourisme) ou professionnel (affaires) ou autre (guerre, réfugiés politiques ou climatiques), déplacements motivés par des activités sportives ou socio-culturelles ou de grands événements.1»

D’emblée, on peut dire que cette définition semble complète en apparence. Pour elle, voyager motive les humains avec des visées objectives ou subjectives. Celui qui effectue un voyage a généralement un but bien précis et il est conscient du déplacement effectué. Il peut s’agir du tourisme (le plaisir de découvrir, la relaxation ou le repos…), d’un voyage professionnel, ou de rendre visite à des parents ou des connaissances, etc.

Cette définition traditionnelle révèle, par ailleurs, que le voyage est toujours justifié. Alors, l’être humain se déplace à cause d’un facteur auquel il se soumet. Il peut y avoir aussi plusieurs autres raisons rendant contraint le voyage.

Cependant, cette définition du voyage peut paraître très réductible. Par cette définition, le voyage est seulement un déplacement qu’on effectue suite à une décision de la conscience humaine. Du fait de la contrainte, l’homme choisit de voyager ou non.

Une façon plus élargie de définir le voyage 

Or sur la terre, les êtres humains ne sont pas les seuls à voyager. Plusieurs autres êtres vivants comme les animaux effectuent bien de déplacements vers des points plus ou moins éloignés. Dans la nature ou à travers le monde, cela est réel. Le voyage est également observé lors de certains phénomènes physiques ou dynamiques, de diverses et multiples formes.

La conscience de tels déplacements physiques et géographiques n’existe plus. Par exemple, les animaux sauvages ou les bêtes se déplacent par instinct car ils n’ont pas la raison. Même en compagnie de leurs maîtres, ils ne sont pas conscients du lieu où ils vont. Ils ne peuvent ni savoir ni prévoir non plus la durée nécessaire du voyage, comme chez l’être humain.

Toutefois, les animaux, quels qu’ils soient, vont d’un lieu lointain ou proche à un autre. Ces mouvements peuvent être assimilés à des voyages. Nous découvrons bien donc qu’en dehors des humains, les bêtes voyagent aussi. Certes, ce n’est pas au même titre que le voyage de l’homme.

Par ailleurs, le voyage physique concerne aussi certains objets et phénomènes naturels sous certaines conditions. On peut citer, par exemple, le déplacement du vent, celui des nuages, feuilles, et tout autre objet qu’il emporte. Dès lors, la notion de voyage change. On pourrait affirmer que tout va voyageant sur la terre. Une autre notion du voyage physique apparaît, celle du voyage intégral.

Comment définir le voyage de tout?

Le voyage intégral est un voyage qui concerne tout. C’est pourquoi nous osons dire que tout voyage. Dans ce cas, la notion du voyage ne se limite pas aux seuls êtres humains. Le voyage est donc l’affaire à la fois de l’ensemble des éléments sur la terre. Le voyage de tout prend en compte les mouvements migratoires des animaux terrestres (bêtes sauvages, animaux domestiques, poissons et oiseaux, mêmes les minuscules fourmis). Il tient compte également des facteurs physiques ou temporels observés lors des changements climatiques. Ainsi, même les conditions climatiques ont voyagé d’années en années. Il y a plusieurs décennies, les conditions climatiques n’étaient pas les mêmes que celles d’aujourd’hui.

Ces bouleversements concernent les évolutions des sociétés et des civilisations dans le monde. Elles ont également voyagé d’un temps, d’un peuple, d’une région vers d’autres. Point n’est besoin de dire par exemple que la civilisation humaine a voyagé de l’est à l’ouest, de l’orient à l’occident!

Dans le voyage intégral ou « tout voyage », le temps joue un grand rôle.  Le voyage ne s’effectue pas seulement dans l’espace mais aussi dans la durée ou le temps. Ainsi, le temps lui-même devient un facteur qui voyage.

Le voyage des humains est avant tout parmi les éléments qui caractérisent le voyage intégral. Puis il y a les phénomènes naturels et les facteurs subtils de l’évolution du temps. L’ensemble de ces phénomènes se joignent aux déplacements humains.

Caractéristiques du voyage intégral

Si toutes les espèces vivantes voyagent, toutes choses matérielles ou intangibles subissent aussi des mutations sur la terre. L’écosystème subit plusieurs transformations qui sont du fait, d’une part des mutations naturelles, de l’autre de l’impact des actions humaines.

la rivière du Djoué

 

 

Lorsque la rivière Djoué achève sa course à Brazzaville

Dans le voyage de la nature, les évolutions progressives qui aboutissent à des changements visibles suivent plusieurs étapes dans leur cours. De la même manière, le voyage réel ou voyage physique de l’homme passe par différentes étapes lors des déplacements.

Mais, la notion de voyage intégral devient plus complexe, car les éléments de la nature peuvent ou non se déplacer. Pourtant, ils peuvent passer par une certaine métamorphose, ce qui est un processus interne. Pour comprendre cela, voyons comment se fait la métamorphose de la chenille. A ce sujet, Andy Rakotondrabe décrit bien le cycle de la vie d’un papillon,  sur le site web DAILY GEEK SHOW, le 13 janvier 2019. Il dit ce qui suit:

«Le cycle de vie d’un papillon peut être catégorisé en quatre étapes : l’œuf, la chenille, la chrysalide, et enfin le papillon adulte. Chaque étape a sa propre forme, sa propre importance et ses propres objectifs. Sous une forme combinée, chaque étape contribue à l’achèvement de la métamorphose d’un papillon. En ce qui concerne la durée de la période de temps nécessaire pour l’achèvement de cette métamorphose, cela peut varier d’une espèce à l’autre. Certaines espèces de papillons ont besoin d’une année entière pour achever l’ensemble du processus, tandis que d’autres peuvent le terminer en un mois seulement.*»

Ces différentes étapes de métamorphose sont comparables au voyage de la vie humaine observée dans son évolution physique de la naissance à la mort. On assiste à un cheminement variable d’expériences et de transformations physiques. Ainsi, dans la nature tout naît, grandit, vieillit et meurt. Par exemple, les plantes et les herbes des savanes, les petits et grands arbres des forêts. Dans le voyage de l’environnement, l’écosystème subit des transformations parfois irréversibles. Ces transformations montrent le passage d’une étape à une autre, d’un moment à un autre moment, d’une période à une autre.

Les objets solides comme les sols se déplacent au point qu’on parle aujourd’hui du glissement des sols ou des terrains. Pourquoi parle-t-on de glissement des sols? Parce que ceux-ci ne restent-ils pas stables comme auparavant? Plusieurs facteurs environnementaux sont à l’origine des glissements des terrains. Ces facteurs peuvent être les changements climatiques, les réchauffements de la planète, la dégénérescence des sols, ou les facteurs humains

Tout a voyagé depuis les origines de la terre. Le développement qui s’en est suivi justifient ce voyage. Même les continents ont eu à se disloquer par une forme de distanciation à un moment donné de leur histoire. Cette dislocation est désignée par la dérive des continents. La dérive des continents est « l’ensemble des déplacements horizontaux des continents (ou des blocs continentaux) les uns par rapport aux autres » ou d’un point par rapport à un autre point du globe. C’est le voyage du Gondwana, le supercontinent différent des continents d’aujourd’hui ! La dérive des continents est bien illustrée avec la dislocation de la Pangée (du Trias à aujourd’hui).

Les vents voyagent et peuvent faire des dégâts, parfois à une vitesse effroyable. Où s’en vont les tempêtes et les ouragans, les objets liquides et gazeux? Les objets liquides ou gazeux comme les vents voyagent aussi: les eaux des fleuves, des rivières, voire certains lacs apparemment stagnants qui se dessèchent.

On observe dans le ciel comment le soleil se lève le matin, parvient au zénith et achève (théoriquement) sa course le soir à l’horizon! Mais là aussi, la science enseigne que c’est plutôt la terre qui tourne sur elle-même pendant vingt-quatre heures. Elle tourne autour du soleil pendant 365 ou 366 jours, soit une année entière. Le sempiternel voyage de l’astre radieux dure depuis la nuit des temps. Les étoiles du ciel, la lune et les autres planètes ne dérogent pas à la règle du voyage intégral car finalement tout voyage.

Le temps est une donnée intangible, qui passe, car il est en voyage depuis le commencement. Comme tel, le temps est insaisissable car nul ne peut l’arrêter.  Il ressemble à la pensée, à l’idée, à la civilisation, à l’histoire, à la culture, ou au développement. Toutes ces choses sont insalissables, lorsqu’elles passent avec le temps. Alors, il faut un exploit inouï dans la course pour les rattraper.

En définitive, tout voyage dans ce monde et subit des changements, des évolutions constantes. Rien ne demeure. L’Ecclésiaste a dit que rien n’est nouveau sur la terre. Tout voyage et ne s’arrête pas de parcourir l’espace et le temps. A l’instar du voyageur humain, tant d’autres êtres vivants et objets physiques ou intangibles se déplacent ou changent d’espace ou de temps. Les planètes elles-mêmes se sont-elles jamais arrêtées pour s’interroger sur le cours de leur voyage?

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