L‘enfant-colis oublié dans un train, éploré et pris de panique,  interpella un jeune homme inconnu de lui, qui était descendu du même train, accompagné d’une fillette. Saminou s’accrocha à lui, en trimbalant toutes ses charges. Il trébucha, tomba puis se releva pendant que l’adolescent, pris de compassion, essaya de l’attendre. Comment délaisser un si jeune garçon en difficulté! pensa « le bon samaritain ».

-Aîné, aîné ! s’expliqua Saminou, faites-moi grâce s’il vous plait ! Je suis nouveau dans cette ville et j’ai été abandonné à moi-même par un homme qui pourtant a bien reçu la confiance de mes parents pour me conduire à bon port ; mais hélas, voici que je ne sais par où le retrouver. Je ne connais pas la ville, mais, si vous pouviez m’accorder votre hospitalité en me logeant chez vous, je pourrai dormir à même le sol cette nuit! Et demain matin, je chercherai à retrouver mes parents de Brazzaville à l’adresse précise.

Alors l’adolescent lui répondit : je suis prêt à t’accorder mon hospitalité, viens avec moi.

  • Je suis prêt à passer mon sommeil même sans confort sur le plancher de votre maison, acquiesça le Saminou.

Le jeune adolescent, la petite fille qui l’accompagnait et Saminou se dirigèrent vers l’avenue goudronnée ; plus tard ce dernier découvrit que c’était l’avenue de France, proche du lieu où le train avait garé momentanément. Comme il ne connaissait pas les repères, il entendit certainement quelqu’un renseigner que ce quartier s’appelait  «Ouenzé-Mandzandza ».

L’adolescent arrêta un taxi, en compagnie de l’enfant-colis oublié dans un train : c’était une Peugeot 404, paré de vert-blanc, couleur des véhicules de transport urbain de la ville. Il sollicita une course que le taximan, en quête de fortune, accepta sans résister pour les conduire à domicile. En ce temps-là, la course coûtait encore trois cent francs CFA, et les bus vingt-cinq francs.

Tous entrèrent dans la voiture. Alors, l’adolescent, tel un homme averti, expliqua au chauffeur du taxi la mésaventure du jeune Saminou.

  • Ce jeune garçon vient d’arriver du train Air-Pool. On peut l’appeler “l‘enfant-colis oublié dans un train”. Il a été confié par son père, depuis Loutété, entre les mains d’un certain monsieur, contrôleur de train de son genre. Malheureusement, celui-ci l’a abandonné à lui-même. Voici qu’il m’a sollicité une hospitalité que je suis prêt à lui offrir chez mes parents. Or il connait l’adresse exacte de sa destination dans la rue Makotopoko. Si cela ne vous gêne point, je  préférerais que vous puissiez le conduire à l’adresse de ses parents de Brazzaville. Evidemment, ceux-ci pourront supporter le prix de votre service.

Pris de compassion pour le petit, le taximan ne refusa point la proposition de l’adolescent. Après avoir déposé son premier client à son domicile, il redémarra le taxi pour prendre la direction de la rue Makotopoko, à Moungali, plus haut vers les rails. Tout au long du parcours, Saminou ne cessa de saluer la mine de compréhension du chauffeur ; son petit cœur en fut ému et ébloui. Il remerciait le Dieu du ciel et de la terre, qu’il ne connaissait pas encore véritablement, de l’avoir préservé du pire jusque-là.

La nuit était déjà avancée en heures quand le jeune garçon vint d’être reçu par Ma Pauline, sa tante paternelle, amie-sœur d’adoption de son père.

Peu après, Saminou commença à tourner ses pensées en rond vers la ville qu’il n’avait jamais connue auparavant, et qu’il brûlait vite de découvrir dès le lendemain. Il réfléchit longtemps à cette épisode d’histoire d’enfant-colis oublié dans un train qu’il venait-là de vivre, avant de rêver. A quoi?

Voilà comment fut vécue l’histoire de l’enfant-colis oublié dans un train. Ce voyage réel vous a-t-il servi de voyage virtuel dans un style textuel?

Extrait du roman Le premier feu, de J. M. Matondo-Sockot.

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